Commémoration du centenaire de la 1ère guerre mondiale

1918-2018

Le 3 août 1914 débuta la première guerre mondiale appelée « la grande guerre ». Elle s’arrêta le 11 novembre 1918. 1,3 millions de soldats sont morts pour la France. Devant cette hécatombe, toutes les communes ont voulu ériger un cénotaphe (un cimetière sans corps) . Pour rappeler le sacrifice  de ses enfants (à ses héros) et que cette guerre soit la der-des-der. Le dernier soldat français (poilu)  s’est éteint en 2008   à l’âge de 110 ans. Aujourd’hui, seuls  restent les vestiges de ce passé de la France.

A DOUVRES 7 soldats sont morts :

Meysson Paul, Chatillon François, Bellaton Gabriel, Raffin Charles, Moïlle Émile, Chatillon Justin, Jourdain Henri.

La commune de Douvres décide l’érection d’un monument aux morts à la mémoire des morts de la guerre, suivant la délibération  du conseil municipal en date du 2 mars 1920 représenté par le maire Émile Bellaton. Le projet transmis à M° le Préfet de l’Ain n’a soulevé aucune objection ni de la part de la commission d’examen au point de vue artistique, ni de la part de M° l’Inspecteur de l’Académie.

Il faut choisir l’emplacement, l’indication des inscriptions, attributs, insignes qu’il comportera.  Le choix de l’emplacement se porte dans la cour de l’école et mairie, qui est située juste avant la place du village et au raccordement des routes principales venant  d’Ambérieu en Bugey et d’Ambronay, de plus il est situé sur un terrain surélevé par rapport à la route, ce qui par sa position dominante  le mettra en vue. Lieu de passage important et obligatoire. Ce sera autant d’expression de cet hommage aux morts pour la patrie.

Le choix de la forme se porte sur une stèle de type obélisque, délimitée par une chaine tricolore relayée à chaque angle par un obus.  Dans son fût quadrangulaire, côté route, à la vue de tous passants. Au sommet décoré par un symbole militaire «  la croix de guerre 1914-1918 ». Suivi par la date du conflit 1914-1918. Au dessous  la liste des noms, morts pour la France, gravés, suit l’ordre chronologie  des décès. Sans distinctions de grades, de décorations, tous ont été mis dans l’égalité et la simplicité. Rassemblant ceux qui sont « tombé au champ d’honneur » (soldat tué en combattant) et les «  morts pour la France »  Suivi d’une palme. Au dessous  la dédicace : «  DOUVRES a ses enfants Morts pour la France ».

Le monument sera en pierre de Villebois et d’une hauteur au minimum de 3 mètres.  Le travail sera exécuté par l’entrepreneur des Monuments M° Maillet Marius d’Ambérieu en Bugey pour une somme de 2500 Francs. Répartie  entre la commune qui prend en charge 800 francs et le reste par les souscriptions recueillies du comité d’érection et versées dans la caisse communal. (1)   Le monument aux morts sera inauguré le 24 septembre 1922.  1 ( Archive de Douvres aux Archives Départemental de l’Ain)

Les paroissiens de Douvres ont voulu aussi rendre hommage à leurs morts. Par la pose d’un tableau commémoratif, à l’intérieur de l’église. Il est situé dans l’angle de la chapelle latérale de la Sainte Vierge Marie. Bien moins voyant que le monument aux morts, ce tableau tombe un peu dans l’oubli. D’autant plus qui est de plus en plus difficile de pouvoir lire les inscriptions.

 

Paroisse de DOUVRES =1914=1919=

Hanilas Georges (Nord)1914= François Chatillon (Aisne)1916=Justin Bellaton(Aisne) 1918

Aimé Ricard (Somme)    1914=Gabriel Bellaton(Aisne)1916   =Gabriel Chatillon(France)1918

Charles Raffin ( France) 1915=Émile Moïlle (Somme)1917=Henri Jourdain(Belgique) 1918

 

 

Souvenez vous mon Dieu, qui sont tombé pour nous. A pour une juste cause : le salut de la patrie.

Avec leurs sacrifice, agréez, seigneur notre prière ………………. dans le ciel, notre Patrie et donne à ses braves, dans la vrai vie le repos éternel.

La liste des noms commence par le prénom suivi par le nom, la région du décès et l’année.  Malheureusement le tableau comporte des erreurs ou plutôt des informations ont été inversées. François Chatillon est mort en 1915 et dans la Meurthe et Moselle. Quant à Charles Raffin, il est mort en 1916. Émile Moïlle est mort en 1916. Les prénoms de Gabriel et de Justin ont été inversés. Et il y à deux Gabriel Bellaton inscrits !…

En haut une scène, le Christ auréolé,  en croix et au centre, a sa droite la Vierge elle aussi auréolée l’interpelle d’un geste et du regard. A ses côté une sœur qui prie. A gauche du Christ, à ses pieds, un soldat dans son uniforme bleu horizon  allongé  sur le sol. Tenant à sa main droite le drapeau tricolore, sa casquette au sol. Son buste se repose sur les genoux d’une mère qui implore le Christ. Le repos éternel  de l’âme de ses soldats. «  QUE PAR LA MISÉRICORDE DE DIEU, ILS REPOSENT EN PAIX »

Au cimetière, en haut des escaliers, à l’entrée, une croix, à son pied posée sur son socle une plaque en forme de livre ouvert,  dont les pages indiquent les noms des morts de la commune. Laissant aux passants le soin de lire les noms des soldats tués.

Ouvrons ce livre, pour mieux les connaître. Et si possible leur donner un visage. En se dirigeant aux Archives Départementale de l’Ain.

Aujourd’hui, il ne reste aucun acteur de cette guerre. Le dernier soldat s’est éteint en 2008 à l’âge de 110 ans. Et pour la génération  qui aura vingt ans, l’année du centième anniversaire de la déclaration de la 1ère guerre mondiale, le 11 novembre sera un simple jour férié. A ces noms inscrits sur le registre à l’entrée du cimetière, donnons un visage. Et consacrons leur quelques lignes  sur leur histoire afin qu’elles ne disparaissent jamais.

Meysson Paul né le 5 décembre 1893 à Tenay, célibataire domicilié à Douvres .Soldat au 23 éme Régiment d’Infanterie,  à l’âge de 21 ans , le 5 septembre 1914 est mort pour la France à Mandray ( Vosge) tué à l’ennemi.

– MEYSSON Paul, mort pour la France le 5 septembre 1914 à MONDRAY
(Vosges) n’a pas de tombe individuelle à la charge de l’État. Compte
tenu du lieu de décès, il est possible que ses restes mortels reposent
dans l’un des ossuaires de la Nécropole nationale de SAULCY-SUR-MEURTHE

 

Chatillon Jean-Baptiste François (il est courant à l’époque que le prénom usuel ne soit pas forcément le premier sur l’état civil). Né le 31 juillet 1885 à Douvres. Et domicilié à Douvres. Mobilisé le 1 août 1914.Caporal au 333éme Régiment d’Infanterie, à l’âge de 30 ans est mort pour la France le 24 juin 1915 à 2 heures à Devant Leintrey (Meurthe et Moselle) Tué à l’ennemi, impossibilité absolue vues les phases du combat de vérifier le décès. Il repose dans la sépulture de guerre Nécropole nationale «  REILLON » Meurthe et Moselle,  tombe individuelle N° 120.   .

 

Bellaton Gabriel Maurice né le 11 février 1895 à Douvres. Soldat au 152 éme Régiment d’Infanterie, à l’âge 21 ans, le 8 mars 1916 a 15h30 est mort pour la France à Wessarling (Alsace Haut Rhin). Tué à l’ennemi d’un éclat de bombes d’avion ennemi au cantonnement.

 Gabriel Bellaton  photo Martine Durand-Fabien Tenand

 

 Gabriel Bellaton, médaille militaire et croix de guerre avec étoile de bronze

De nombreux neveux portent le prénom du défunt mort à la guerre. Comme le fils de Aimé Bellaton. Mais aussi, au Mollard Émile Bouguet en hommage à son oncle, BOUGUET Émile Philibert, soldat au 27éme Régiment d’Infanterie mort pour la France, a l’âge de 35 ans, le 23 juin 1915 à la tranchée de Calonne (Meuse). (disparu)

Raffin Pierre Charles né le 17 février 1889 à Saint Paul de Varax. Domicilié à Douvres. Rappelé à l’activité, arrive au corps le 16 novembre 1914, à l’âge de 27 ans, est mort pour la patrie le 26 août  1916 des suites de blessures reçues pendant son travail. Il est inhumé au cimetière de la Bouteillerie à Nantes dans le carré militaire. Sur sa plaque tombale est inscrit  Raffin Pierre.

 

 

Moïlle Élie Émile né le 15 février 1896 à Poncin. Célibataire domicilié à Douvres. Soldat au 132 éme Régiment d’Infanterie, à l’âge de 20 ans est mort pour la France à Boucharesnes ( Somme) .Le  28 septembre 1916  Tué à l’ennemi au combat. Décoré de la croix de guerre avec étoile d’argent. Cité à l’ordre de la division du 5 10 1916 :

«   Soldat  énergique et courageux, a été tué le 28 septembre 1916 au moment où il abordait la tranchée ennemie. »     ( La bataille de la Somme)

Au centre  Moïlle Émile photo Martine Durand- Fabien Tenand

Moïlle Emille : Photo Suzanne Chatillon

 

Chatillon Justin Pierre né le 14 mai 1896 à Douvres. Mobilisé le9 avril 1915. Caporal au 122 éme Régiment d’Infanterie, à l’âge de 22 ans est mort pour la France, le 18 octobre 1918 à 21 heures dans l’ambulance des suites de blessures de guerre à Crépy en Laonnois (Aisne). Il est inhumé au cimetière de Crépy en Laonnois. Puis transféré  à la nécropole nationale «  Crecy-au-mont » tombe individuelle N° 59.

 

Justin Chatillon écoliers : photo Martine Durand – Fabien Tenand

 

 

Au service militaire 44éme Régiment Infanterie à Lons le Saunier

Décoré de la croix de guerre, avec deux citations :

Citation de la brigade N° 63 du 30 Octobre 1917 :

« Jeune soldat mitrailleur brave et dévoué le 20 août 1917 a mis sa pièce de batterie sur un terrain découvert et battu par des mitrailleuses ennemies qui tentaient de résister. »

Citation à l’ordre du régiment N° 477 du 30 mai 1918 :

« Chef de pièce brave et énergique sous un bombardement des plus violent à maintenu ses hommes auprès de leur pièces donnant lui-même un grand exemple de courage et de sang  froid. Nommé caporal le 30 août 1918. »

Photo Martine Durand – Fabien Tenand

Valérie Morand et Justin Chatillon : photo Martine Durand – Fabien Tenand

Photo prise  à Douvres après sa première citation. Entre le 30 octobre 1917 et le 30 mai 1918

Tombe du caporal Justin  Chatillon : photo Martine Durand-Fabien Tenand

Dans le cimetière de Douvres, sur une tombe une plaque à la mémoire de Justin  pierre CHATILLON.

 

Jourdain Philippe Henri Antonin né le 26 juillet 1881 à Douvres. Mobilisé à la déclaration de la guerre. Juste avant de partir se fait photographier avec sa famille. Soldat de 1er classe au 133éme régiment d’Infanterie, à l’âge de 37 ans est mort pour la France, le 12 novembre 1918 à l’hôpital temporaire , 34 bis, sis à Zery de cote ( Nord) de maladie contractée en service. « grippe espagnole »

 

Médaillé de la croix de guerre avec étoile de bronze. Cité à l’ordre du régiment  le 30 octobre 1916 :

«Soldat conducteur a coopéré au ravitaillement de la compagnie avec un dévouement et un sang froid remarquable sous la violence d’un bombardement ennemi pendant la période du 20 au 30 juillet et du 12 au 13 septembre 1916. »

Henri Jourdain avec son épouse Clémentine

née Millat et leur fille Clémentine dit (Titine)

Photo : Jeanine Léger

 

Médaille: Croix de guerre

      

 

 Médaille : C’est au sculpteur Paul-Albert Bartholomé qu’est dû le modèle définitif :

« La Croix de guerre instituée par la loi du 8 avril 1915 est en bronze florentin du modèle de 37mm, à quatre branches, deux épées croisées. Le centre représente à l’avers une tête de République au bonnet phrygien ornée d’une couronne de lauriers avec en exergue « République française ». Il porte au revers l’inscription 19141915 » (Art. 1er du décret du 23 avril 1915)

Cette inscription sera par la suite modifiée et la Croix de guerre portera successivement les suivantes : 19141916, 19141917, 19141918.

Ruban : vert avec liseré rouge à chaque bord et comptant cinq branches rouges verticales de 1,5 mm. Origine du ruban : Le ruban de la Croix de guerre de 1914-1918 est celui de la médaille de Sainte-Hélène[1]. Napoléon III récompensait, grâce à elle, les vétérans de l’armée du Premier Empire.

 

On ne pourra jamais dissocier la guerre de 14-18 de Verdun .

La ville de Verdun a créé le 20/11/1916 cette médaille commémorative qui n’est pas une médaille officielle, mais l’insigne des « Soldats de Verdun »…

Seuls ont droit à cette médaille les anciens combattants des Armées Françaises ou Alliées qui se sont trouvés en service commandé entre le 31/07/14 et le 11/11/1918, dans le secteur de Verdun, compris entre l’Argonne et St-Mihiel dans la zone soumise au bombardement par canon.

Les noms des soldats de Verdun sont inscrits sur le livre d’or qui est déposé dans la crypte du Monument à la victoire élevé en plein centre ville.

INSIGNE : en bronze, d’un module de 27mm, cette médaille comporte sur l’avers la tête de la République casquée tenant un sabre à la main avec au-dessus la légende « ON NE PASSE PAS » et la signature VERNIER ; sur le revers, la façade de la citadelle, surmontée du nom de VERDUN, entourée de palmes et en bas la date « 21 FEVRIER 1916 ». RUBAN : rouge avec de chaque côté 3 petites raies verticales bleu-blanc-rouge

 

  • La délibération est ainsi conçue :

 » Aux Grands Chefs, aux Officiers, aux Soldats, à Tous, Héros connus ou anonymes, vivants et morts qui ont triomphé de l’avalanche des barbares et immortalisé son nom à travers le monde et pour les siècles futurs, la Ville de Verdun, inviolée et debout sur ses ruines, dédie cette médaille en témoignage de sa reconnaissance »

 

On ne passe pas                                         Verdun

 

Lecteur :

Si un jour vous passez a Verdun et que vous visitez, le monument à la victoire, élevé en plein centre ville. Les noms des soldats de Verdun sont inscrits sur le livre d’or. Parmi eux François Jourdain né à Douvres le 27 octobre 1885. N° 56163 (source Jean-Paul MICHEL – Secrétaire du Livre d’or et de la médaille de Verdun)

François Jourdain

Photo Martine Durand – Fabien Tenand

 

Puis  a rajouté, au fil du temps, des conflits, le nom d’autres soldats 1939-1945 : Jacques Fusato.

Extrait de Echo Paroissial mensuel d’Ambronay et de Douvres  5éme année – N° 5 Janvier-février 1943 page 18

Aujourd’hui seuls restent les monuments commémoratifs qui deviennent les derniers vestiges d’un passé de la France. Ils se fondent dans le paysage et passent de plus en plus inaperçus.

Fabien Tenand

ISBN 978-2-9529047-1-1

Je remercie toutes les personnes qui m’ont aidé et contribué à rendre cet hommage. Et les  Archives Départementales de l’Ain

Recherche commencé en 2005, publication novembre 2018

Autre site de l’auteur :

Douvres, Village résistant de l’Ain

ISBN 978-2-9529047-0-4

Dès la formation du Maquis de l’Ain, à Douvres, les familles Durand et Tenand font partie de la Résistance. Marcel, un fils du Gros Durand, réfractaire au STO, …

LIVRE DE FABIEN TENAND

Quand Douvres se raconte co-auteur , édité  juin 2019 par les éditions Scripta.